Présentation générale du secteur

Le secteur 7 est une zone assez bien individualisée, comprise en la tour d'entrée 29 et l'ensemble de bâtiments ottomans situés au-dessus, l'enceinte du château haut à l'ouest, et l'ancien fossé du "berqil" septentrional vers le nord (1). Elle forme aujourd'hui pour l'essentiel une grande terrasse cantonnée par l'enceinte extérieure de basalte qui va de la tour 29 au saillant 32, en forte dénivellation par rapport au sol extérieur. Cet aspect résulte cependant des transformations progressives et du remblaiement interne intervenus depuis l'époque franque, en gagnant progressivement sur la pente par la construction de bâtiments dans l'enceinte, par le même processus exactement que dans le secteur 3 au sud-est.

Extérieurement, le secteur se caractérise par une haute muraille de basalte prenant appui sur un socle rocheux, se détachant de la tour-porte 27 au sud ; au nord-est, le parement de basalte s'interrompt au profit d'un ouvrage à capitale arrondie bâti en calcaire, encore surmontée des restes d'un mâchicoulis continu ; après s'être retournée au sud, cette muraille calcaire vient se raccorder à un élément de courtine de basalte élément de courtine de basalte. Cet ensemble extrêmement impressionnant par son caractère défensif domine le chemin d'arrivée principal, constituant une énorme masse visuelle encore extrêmement prégnante.

Les dommages qu'il a subis depuis l'époque mamelouke ont concerné essentiellement les sommets de l'édifice (voir comparaison 1895-1930). L'essentiel de la courtine 29-32 était découronnée dès 1851, alors que le saillant 12 conserva son couronnement jusqu'au début du XXe siècle. La construction du village ottoman, particulièrement dense dans ce secteur, eut pour conséquence la colonisation d'une grande partie des parapets par des maisons établies sur la grande terrasse orientale. Ces maisons furent évacuées après le passage de Paul Deschamps ; seule la grande maison en U construite au-dessus de la tour 29 fut conservée et restaurée, probablement pour servir au gardien du château rémunéré par l'administration du Mandat (voir comparaison 1936-2009).

 

(1) Les secteurs 5 et 6 font l'objet des analyses suivantes :

Crac-2006 : p.229-234-244 (G. Ulrich Großmann, Thomas Biller).

Krak 2011 : p.231-232 et p.292-293.

La basse-cour nord-est primitive (voir Plan intermédiaire)

 La grande plate-forme entourant le château haut se termine au nord-est par une sorte de cour décaissée de six mètres, limitée extérieurement par l'enceinte 32-29, et intérieurement par un mur de soutènement  en basalte. Vers le sud, cette cour est partiellement occupée par une plate-forme maçonnée, puis une grande salle voûtée sur lesquelles on reviendra ; la présence de ces éléments suffit à garantir que primitivement le sol était plus bas, prolongeant le niveau de la cour décaissée (1).

On pourrait être tenté de considérer ce mur de basalte comme le reste d'une maison du village ottoman - la photographie aérienne verticale de l'armée du Levant prouve qu'il en existait une précisément à cet endroit. Il n'en est rien cependant : en effet, malgré l'adjonction au nord de la tour 32, on voit se prolonger l'arase du mur jusqu'à l'angle rentrant entre ce saillant 32 et l'ouvrage de la poterne mamelouke, au nord-ouest, où l'on voyait encore, en 1995, l'arrachement qu'il avait laissé lors de sa destruction (voir photo du mur de soutènement ; vue de l'arrachement) (2). Le mur se retournait à cet endroit vers le sud-ouest : on voit parfaitement son angle à l'extérieur, puisque la courtine franque du saillant vient s'y raccorder, et l'ouvrage de la poterne mamelouke s'y accoler . Il s'agissait d'un mur en petits blocs de basaltes régulièrement disposés en assises horizontales ; à l'angle, l'appareil est soigneusement organisé en alternance de blocs arrondis et en pierres d'appareil (voir comparaison 1930-2013). Dans une photo récente consécutive à une destruction, on voit clairement la courtine repartir vers le sud-ouest ; il est certain que c'est elle qu'on retrouve dans la paroi orientale de la salle intermédiaire de l'ouvrage de la poterne mamelouke.

Il s'agissait donc sans le moindre doute d'un mur d'enceinte antérieur au mur actuel, placé dans une situation totalement analogue à celle du premier mur délimitant le secteur 4 par rapport au secteur 3 au su-dest. On peut imaginer que cette enceinte se prolongeait au-delà vers le sud-ouest jusqu'à la fausse-braie du château haut, mais toute trace en a disparu aujourd'hui au-dessus du sol (voir esquisse de plan restitutif de la basse-cour).

Si l'on revient au mur de soutènement devant la cour décaissée, il présente aujourd'hui un parement en petits blocs basaltiques similaires à ceux reconnaissables à l'angle nord-ouest ; cependant, la partie sud du mur, au-dessus d'une base d'origine, a manifestement été remaniée (puis ruinée) lorsqu'on a construit le retour du mur et la rampe remontant à la grande terrasse (vue sud-est ; vue nord-est). Manifestement interrompu par cette reprise destinée à donner accès à la cour basse, le mur se retrouve, d'après l'équipe de Crac 2006, dans la paroi interne de la grande salle voûtée 31, et l'on constaterait sa tranche dans le petit escalier descendant depuis la grande terrasse dans la salle (voir plan de Thomas Biller ; plan intermédiaire) (3).

Il n'existe plus aucune trace au sol de la poursuite de ce mur vers le sud ; il est clair qu'il allait se refermer au sud tant avec le mur de la grande rampe montant vers le château haut, qu'avec le mur montant depuis la porte Franque de la rampe venant de la vallée (voir esquisse de plan restitutif de la basse-cour). La restitution que nous proposons ici est évidemment entâchée d'une énorme incertitude : par simplicité, nous avons prolongé en ligne droite le tracé identifié dans la paroi de la grande salle, mais on pourrait imaginer que la muraille ait rejoint la rampe à l'endroit d'un noeud où se seraient jointes les trois courtines.

 

(1) Voir sur ce secteur Crac 2006, p.80-82, qui a le premier formalisé et publié l'hypothèse de l'enceinte de basse-cour en cette zone. Elle existait néanmoins dans les esprit (voir un plan de 2001 plan de 2001 non publié de Jean Mesqui).

(2) Cet arrachement avait été partiellement restauré par Coupel au sud, en même temps que le flanc de l'ouvrage de la poterne nord. Après mon passage en 1995, et avant celui de Maxime Goepp en 2008, un moignon de mur a été construit comme une fausse ruine pour simuler le départ de l'ancienne enceinte (voir photo ).

(3)  Nous n'avons pas personnellement fait cette constatation, et n'avons pu la vérifier. Zimmer fournit un plan différent de celui de Biller, qui semblerait montrer la section d'un mur collé à l'ouest sur le mur de la salle proprement dit, à l'intérieur de l'escalier y descendant (voir plan de John Zimmer )..

(4) La césure est remarquée par Crac 2006, p.237, qui n'en titre pas de conséquences notoires.

 

L'enceinte basse (tour 32-tour 29)

L'enceinte basse du secteur 7 a été projetée en avant de l'enceinte primitive, en contrebas dans la pente, très exactement comme le fut l'enceinte basse du secteur 3 par rapport à l'enceinte du secteur 4. De la même façon que cette dernière, il s'agissait d'une enceinte non flanquée, constituée par une muraille polygonale de 3,7 à 3,9 m d'épaisseur, entièrement affectée à la défense grâce à une superposition de galerie voûtées en berceau s'ouvrant vers l'intérieur par des arcades en arc brisé (voir photo intérieure). La maçonnerie est toute entière formée de pierres de basaltes, à l'exception des encadrement des archères, des bretèches, ainsi que des arcades, qui sont en calcaire (voir comparaison 1851-2009).

Le premier niveau de galerie se déboîte de la tour-porte 29, à l'étage de cette dernière (voir plan intermédiaire). On voit en étudiant celle-ci (voir secteur 1), que la construction de cette galerie fut mené en cohérence avec le premier étage de la porte ; celui-ci a été pour l'essentiel reconstruit. La galerie voûtée est dans sa formalisation assez similaire à celle qui existe entre la tour 29 et la tour 27 ; comme dans cette courtine, elle est percée d' archères à ébrasement couvert d'un simple linteau, extérieurement pourvus d'étriers triangulaires courbes à la base. À chaque archère correspond une arcade ouverte vers l'intérieur de la place.

Le niveau de galerie situé au-dessus était également voûté ; sa voûte avait disparu dès avant 1851, et il n'est pas impossible qu'elle ait disparu bien auparavant. Les archères, pourvue comme au-dessous d'étriers triangulaire courbes, étaient ici fortement ébrasées, leur linteau étant déchargé par de petits coussinets exactement semblables à ceux observables dans le secteur 3.  Entre chacune des archères prend place une bretèche , accessible intérieurement par une niche dans le mur ; au-dessus des petits édicules semblent avoir été ménagés des sortes de petites ouvertures en forme de créneaux (voir photo 1851). On peut supposer enfin qu'il existait au-dessus de cette galerie voûtée un chemin de ronde, suivant le même principe que dans l'enceinte des lices occidentales .

On a vu qu'au-delà du premier angle, en partant du sud, le parement change brutalement, passant du basalte au calcaire, et ne reprend que de l'autre côté de l'axe nord-sud, par un court  moignon de courtine qui vient s'adosser à l'angle de l'enceinte primitive examinée plus haut. On retrouve, dans cet élement de courtine, un élément de la galerie inférieure voûtée , avec son archère à étrier visible de l'extérieur ; il se trouvait exactement au même niveau que la galerie inférieur voûtée de la courtine 32-29.

Au-dessus de cette archère, la partie sommitale a été extrêmement remaniée. L'élement le plus intéressant est la superbe latrine dont, malheureusement, une des consoles a été détruite alors qu'elle était encore en place lors de la première visite de Paul Deschamps. Il s'agit d'une latrine à deux sièges, dont le sol a été significativement relevé lors de la restauration mamelouke, rendant probablement son usage impossible, même en tant qu'élement défensif (voir relevé) ; elle était primitivement couverte d'un édicule qui lui était propre, ce qui signifie qu'elle était extérieure à la galerie voûtée supérieure de la courtine, qui devait s'arrêter légèrement au devant (voir  plan haut). La couverture fut manifestement refaite à l'époque mamelouke. Il est extrêmement intéressant de trouver ici, dans la même situation que dans le secteur 3, une latrine placée au-dessus du canal d'évacuation d'un berqil, prouvant le soin des constructeurs à bien isoler les flux polluants dans le château, si possible en les plaçant au-dessus d'exutoires en eau courante.

Toute la partie située entre la bretèche-latrine et l'ajout mamelouk en pierre calcaire, a été entièrement reconstruite à l'époque mamelouke : en témoigne de façon très significative la vue prise par Paul Deschamps vers 1928 (voir  comparaison 1928-2008). Dans cette reconstruction, l'archère franque primitive a été entièrement démontée, de même qu'une bretèche qui devait se trouver dans la partie reconstruite ; l'étrier de l'archère, comme deux des consoles de la bretèche, cassées pour la circonstance, ont été réutilisés en remploi dans le panneau de maçonnerie, alors qu'on reconstruisait l'archère au niveau du nouveau chemin de ronde, et que l'on construisait une nouvelle bretèche pour remplacer la latrine-bretèche désaffectée.

Toute la portion située entre la partie ouest et la partie est a été détruite, sans aucun doute lors du siège de 1271, de la même façon que la capitale de la tour 33. On peut penser que primitivement, de la même façon qu'au secteur 3, il existait ici un tracé en lignes brisées, que nous proposons de restituer avec un saillant rectangulaire symétrique à la tour 33 (voir restitution à la fin de l'époque franque).

 

 

 

Le saillant mamelouk nord

Le siège de 1271 provoqua certainement la ruine de toute la partie septentrionale de l'ouvrage franc nord-est, obligeant à sa reconstruction intégrale. Le parti fut pris alors de bâtir un saillant pourvu de quatre niveaux de défense contre trois primitivement, et, en particulier, d'abaisser le premier niveau à archères de façon à améliorer la couverture du secteur (voir restitution 3D). La construction fut probablement érigée en deux temps. Dans une première phase fut édifié un édifice en forme de tour semi-circulaire, dont le tracé intérieur reprit vraisemblablement celui de la courtine précédente ; c'est seulement postérieurement que fut ajoutée la tour intérieure emplissant la moitié nord de la cour décaissée (voir schéma d'évolution), car son mur vient boucher partiellement l'une des deux archères de l'élément de courtine oriental (vue intérieure de la tour 32 ).

C'est au niveau du rocher, au fond de la cour décaissée, que fut implanté le premier niveau de défense (plan niveau bas) ; il était constitué par deux archères dans des niches individuelles, et une grande salle voûtée, ouverte sur l'extérieur par un grand arc en plein cintre à profil rectangulaire, abritait pour sa part quatre archères. Trois d'entre elles, placées au fond de niches, présentent un décor typiquement mamelouk ; une quatrième, faute de place, a été ménagée dans une chambrette exiguë (voir 3D restitutif écorché).

Au-dessus de ce rez-de-chaussée, le niveau intermédiaire fut aménagé en continuité avec les anciennes galeries voûtées franques (plan niveau intermédiaire ; 3D restitutif écorché NE) ; pour regagner la différence de niveau due à la voûte inférieure, il fallut aménager un escalier de chaque côté. En revanche, on ne ménagea pas comme au niveau inférieur une grande salle, mais un grand couloir voûté se débranchant de la galerie circulaire prolongeant les galeries franques (voir 3D restitutif écorché NO). La couture entre les maçonneries fut réalisée avec un soin remarquable, au point d'être quasi invisible de l'intérieur du château - alors qu'à l'extérieur elle se matérialise par le changement de matériau.

Il ne demeure quasi rien des deux niveaux supérieurs, les couronnements subsistants encore vers 1900 ayant été supprimés lors de la reconstruction du village ottoman. Les Mamelouks construisirent, pour l'essentiel, un mâchicoulis à deux niveaux ; cependant, dans la partie ascendante de la courtine, ils maintinrent le parti des bretèches. On note, on raccord entre les deux maçonneries, une bretèche mamelouke réimplantée à cheval sur une bretèche franque, évidemment détruite aupraravant.

 

La constitution de la tour 32. Dans une deuxième phase fut construit l'arrière de l'ouvrage, comprenant deux niveaux de salles voûtées. Au rez-de-chaussée, la grande chambre à archères ouverte à la gorge fut fermée par une voûte en demi-coupole reposant sur trois pans, dont deux avec placard ; derrière se trouvait une salle voûtée en berceau. Au premier, on ne trouvait qu'une salle unique à plan cruciforme.

Cette tour arrière fut certainement occupée en même temps que le village ottoman, comme en témoignent les traces reltivement récentes d'occupation. Il est probable que c'est de cette époque que date le mur arrière appareillé en petits pavés de basalte. En revanche, le mur sud a été entièrement reparementé en profondeur à une époque que nous ignorons ; l'appareil utilisé ne paraît pas homogène avec celui qui le fut pendant les travaux de Coupel avant 1941 (vue intérieure de la tour 32 ).

  

(1) Ce secteur a fait l'objet d'une analyse novatrice dans Crac 2006, p.263-270, qui le premier a remis en cause l'interprétation de Deschamps 1934, p.147-150. Celui-ci proposait de restituer ici dès l'époque franque une poterne qui eût été détruite à l'époque mamelouke, et remplacée par l'ouvrage actuel. Nous proposons ici une interprétation reposant sur les mêmes prémisses que celle de Crac 2006, tout en s'en distinguant par certains points.

(2) La couple herse-assommoir constitue une disposition rarissime dans l'architecture u niveau du rochermusulmane, mais on la trouve par exemple au château ayyubbide de Subeibe à plusieurs exemplaires dans les tours-portesYovitchich 2011, p.251. Moshe Hartal, The al-Subayba (Nimrod) Fortress, Towers 11 and 9, Israel, 2001.

(3) Il est probable que cet orifice est entièrement d'époque mamelouke, de même que le mur de fond de l'ouvrage de la poterne ; on peut supposer que le barrage franc fut remplacé par ce mur de fond, ou au moins complété. En tout cas, il a été entièrement démonté, l'arrachement de coûte présent en partie supérieur en étant peut-être un reste.

La salle voûtée 31 (voir Plan intermédiaire)

Le dernier élément médiéval reconnu de cette zone est la grande salle voûtée située au sud-est, placée entre le mur de la basse-cour nord-est sur lequelle elle s'appuie (voir ci-dessus), et la courtine extérieure orientale 32-29 (voir plan de Thomas Biller). Il s'agit d'une grande salle rectangulaire d'un seul niveau, constituée par cinq travées de voûtes d'arêtes retombant sur des piliers carrés appuyés aux murs latéraux antérieurs pour les quatre premières depuis le sud ;  la dernière travée est particulière, car elle serait d'un seul tenant, le mur latéral ouest ayant été construit à neuf en lieu et place de l'ancien mur (1). Les murs latéraux nord et nord-ouest ont d'ailleurs été reparementés au XXe siècle. Cette grande salle communiquait avec la galerie adjacente par cinq des arcades ménagées dans la face intérieure de celle-ci.

Pour Thomas Biller, cette salle aurait été ajoutée à l'époque franque entre les deux enceintes. Par ailleurs, l'auteur pense qu'il existait dès l'époque de la basse-cour primitive une petite cave voûtée accolée à l'enceinte franque primitive, à peu-près au milieu du mur ouest primitif ; après la construction de la grande salle, cette petite cave aurait été mise en communication avec elle en perçant la muraille primitive.

 

(1) Sur cette salle, voir Crac 2006, p.230-233. Bien qu'ayant visité.la salle, nous ne l'avons pas étudiée, et nous en rapportons aux analyses de Thomas Biller.

(2) Deschamps 193

 

Résumé et conclusions de l'analyse

La basse-cour nord-est est, en définitive, un secteur très mal connu du fait de sa "neutralisation" par la suppression de ses limites primitives au nord-ouest et au sud-est, qui résultent d'une part de la disparition du fossé du "berqil" nord, et d'autre part des modifications considérables subies par le secteur de la porte Franque.

On peut donc faire l'hypothèse qu'il exista dès la première phase du château une basse-cour ceinturant les escarpements rocheux présents à l'est, et se retournant au nord vers la tour de chapelle et le château haut (restitution  primitive).

Ce n'est que bien plus tard, dans un programme comprenant tout le front oriental du château, que fut ajoutée l'enceinte basse et le saillant 32, qui vinrent ceinturer le rocher à sa base, en englobant de nouvelles superficies pour accueillir les défenseurs (restitution franque ) ; à la même époque exactement fut construite l'enceinte du secteur 3, probablement légèrement après l'édification des tours 29 et 27, et de la grande rampe orientale. Ce programme permettait d'avoir une défense continue par galerie remontant jusqu'aux grandes écuries orientales.

On peut admettre que cette phase de fortification intervint après celle des lices ou barbane Nicolas Lorgne, c'est-à-dire dans les deux dernières décennies du XIIIe siècle ; elle permit dès lors de présenter une "fausse-porte" d'une grande puissance vers le nord-est, encadrée par la tour carrée de Nicolas Lorgne et le saillant 12. Entre l'ancienne et la nouvelle enceinte fut construite une nouvelle grande salle à vocation de magasin, de caserne ou d'arsenal.

La dernière étape médiévale intervint après la destruction considérable qui affecta le front nord-est durant le siège de 1271. On peut admettre que la face de la tour 33 fut mise à mal ; mais le saillant 32 fut, quant à lui, en grande partie détruit au point de ne pouvoir être réparé. La cause en fut-elle la sape et la mine, ou au contraire un bombardement intensif ? On aura l'occasion d'y revenir dans un chapitre particulier.

Après cet épisode destructif, les Mamelouks décidèrent de reconstruire un saillant 12 de forme curviligne, symétrique à celui qu'ils implantaient à la même époque à la tour 33 (restitution nord) ; ils eurent également à coeur de renforcer encore la défense en y ajoutant un nouvel étage. Ainsi vit le jour l'ouvrage actuel, d'abord constitué d'espaces ouverts à la gorge, puis refermés au revers par une tour à vocation résidentielle.